Sans trancher le débat entre archéologues et architectes, il est un élément qui nous intéresse dans ses propositions : l’unique terrasse qu’accepte James Packer en 1988, celle de la Basilica Ulpia, atteindrait une hauteur d’environ 15,75 m, corrigée en 1997 en 15,10 m. Il évoque encore la possibilité pour les spectateurs romains de disposer d’un second poste d’observation surélevé, en l’occurrence les degrés du Temple du Divin Trajan141. Le premier paramètre est bien sûr rempli. 39 Voir Stucchi 1989, p. 250-251 ; et Pensa 1969-1970, p. 281-284. 17 Corbier 1987, p. 27-30, résume la bibliographie et les problématiques de l’écriture à Rome. [...] il est vrai que deux niveaux d’observation s’offriraient au spectateur antique, mais on lui assignerait encore une épreuve impossible ». Google Arts & Culture features content from over 2000 leading museums and archives who have partnered with the Google Cultural Institute to bring the world's treasures online. Bref, à partir d’un point d’observation à 15,10 m de hauteur, le spectateur pourrait étendre son regard de la base du fût (la spire 1 est moins loin d’un observateur installé sur la terrasse que la spire 4 depuis le sol) à la spire 19, et ce dans des conditions de distance et d’angle qui se révèlent, d’après nos schémas, convenables. 162 Ungaro 1995a, p. 107, et Ungaro-Milella 1995a, p. 124. En 1833, G. Semper identifiait des indices de couleur et peut-être de dorure : précisément les deux types d’artifices utilisés pour favoriser la lecture des inscriptions lapidaires ou des lettres de bronze situées en hauteur109. 76Restent hors-limite les spires supérieures, mais si l’on élargit brièvement l’enquête à la colonne de Marc Aurèle, on constate qu’elle superpose sur une même hauteur de fût (26,575 m historiés pour la colonne Trajane, 26,234 m historiés pour la colonne de Marc Aurèle142) 21 spires au lieu de 23. [...] La colonne est bien ainsi le point terminal de l’axe optique, et le déroulement giratoire des parcours semble fonction d’une réelle possibilité de lecture de la frise historiée, qui était colorée de manière à accentuer les contrastes, certainement beaucoup plus tranchés qu’aujourd’hui ». XXX, 12 (trad. Pour qu’un objet soit perçu dans de bonnes conditions, il faut certes qu’il y ait assez de lumière, mais avant tout que cet objet « offre un spectacle franc », c’est-à-dire qu’il soit opaque. 46Ces conseils ne furent guère suivis d’effet dans la réalité97, et ainsi en est-il des bibliothèques du Forum de Trajan : l’une s’ouvre au nord-est, l’autre au sud-ouest – ce qui peut constituer un moindre mal pour deux bibliothèques affrontées. Pline l’Ancien en légitime l’usage : On se servait seulement des marbres pour élever des colonnes dans les temples, et non pas dans un dessein de faste – on ne connaissait pas encore ce travers-, mais parce qu’il n’y avait pas d’autre solution pour en dresser de plus solides99. Représentations synthétiques, elles reprennent les éléments jugés importants dans un monument et constituent de véritables fossiles optiques. Un tel contraste de couleurs n’est pas surprenant, il est assuré autant en Grèce qu’à Rome : on songe aux teintes des frontons grecs et étrusques en terre-cuite, ou au bicolorisme entre fond et figures encore perceptible sur certains reliefs de marbre113. Citons enfin la Notitia locorum ur-bis Romae (Codice topografico della città di Roma 1940, p. 225) : Forum Traiani cum templo et equo aeneo, et columna coclide, quae est alta pedes. Publication date 1865 Usage Public Domain Mark 1.0 Topics bub_upload, Trajan's Column (Rome, Italy), Sculpture, Bas-relief, Inscriptions, Latin Publisher 27)115. La colonne Trajane est une colonne commémorative construite en 113 ap. 38) à la base de la spire 12, légèrement au-dessus des 15,10 m de hauteur des terrasses envisagées par James Packer. Sur les stèles funéraires à imagines clipeatae d’Italie : Scarpellini 1987. XLIb, spires 17 et 18. XXXIIa, spires 10 et 11 ; pl. 23 Hinard 1985, entre autres p. 23-29. Elle ne nous paraît pas gênante, bien au contraire, car dans l’hypothèse où Trajan se serait inspiré du modèle augustéen30, le choix de reliefs hauts de quatre-vingts centimètres, en lieu et place d’inscriptions minuscules, améliorait, nous semble-t-il, la qualité visuelle de l’œuvre et de son contenu. Ces deux caractères, constitutifs du monument, sont repris dans la numismatique (pl. 67Nous souhaitons proposer, à titre indicatif mais avec un respect scrupuleux des renseignements à notre disposition, deux séries de schémas des conditions de visibilité des spires. Bien que la reconstitution n’ait pas de prétention archéologique, les éléments sculptés en argent doré ressortent distinctement sur le fond bleu du lapis-lazuli114. 118 Gros 1996, p. 253 : la Basilica mesurait « [...] près de 171 m de longueur avec les absides, et 59 m de large sans les avant-corps ». Son neveu eut cette chance et plus encore, car outre des colonnes en pavonazzetto phrygien103, le Forum trajanien était orné de statues de Daces bicolores en pavonazzetto et marbre blanc. Dès lors, un citoyen romain, familier de l’opposition civis-miles, percevait sans effort le changement d’espace et d’activité entre ces thèmes et les scènes militaires, largement majoritaires sur la frise. 105 Ibid., XXXVI, 14 (trad. Quelques audacieux du xixe siècle ont constaté la présence de fantômes de couleurs sur certaines parties hautes de la frise, protégées par le chapiteau108. 137 Veyne 1990, p. 13, pensait que « sauf les deux premières spires, ces reliefs sont indiscernables par le spectateur ». Il s’agit bien sûr d’une esquisse, mais l’espace central de la place, sur une largeur approximative de vingt mètres, se révèle l’axe privilégié prévu pour regarder axialement les portraits des portiques latéraux. Report de la distance de vision depuis le sol au niveau des terrasses (d’après les dimensions données par Packer 1997a). XXXIIb et XXXIV : spire 15, une scène de labor en tunique, puis le sacrifice devant le pont d’Apollodore ; cette thématique est prise entre : spire 12, l’adlocutio des soldats en tunique ; spire 13, le sacrifice avec des togati et des soldats en tunique ; spire 14, au sacrifice avec les Daces succède un labor (en Mésie) où les soldats romains ne sont pas armés. EGESTVS, « Le sénat et le peuple romain, à l’empereur César Nerva Trajan Auguste, fils du divin Nerva Auguste, germanique, dacique, grand pontife, en sa 17e puissance tribunitienne, salué imperator pour la 6e fois, consul pour la 6e fois, père de la patrie, pour faire savoir de quelle profondeur la colline et l’endroit ont été creusés par de si grands travaux. No Christian tombs or cemeteries were found on the island, with the exception of merely six crypto-Christian tombstones with pagan inscriptions. 91Soulignons d’abord que le constat d’échec des variations de hauteur des spires valait dans l’hypothèse d’une vision unique depuis le sol. Sujet du message : Colonne de Trajan. 132 Amici 1982, p. 83 et 86. Sur les proscriptions : Hinard 1985, p. 24. 156 Amici 1982, p. 33, et Piazzesi 1989, p. 254. Les Grecs privilégient ainsi la skiagraphia, notion optique utilisée tant par les artistes que par les architectes61et que l’on retrouve dans la scaenographia de Vitruve62. 104Pline poursuit avec les boucliers de la Basilica Aemilia : Après lui, M. Aemilius, qui géra le consulat en même temps que Q. Lutatius, plaça des écus non seulement dans la basilique Aemilia180, mais aussi dans sa propre demeure, s’inspirant là également d’un usage militaire : en effet les portraits se trouvaient sur des boucliers semblables à ceux qui servirent à combattre devant Troie ; c’est de là qu’ils ont tiré leur nom de clupei, et non pas comme l’a voulu une subtilité mal placée de grammairien, de cluere181. Rouveret 1989, p. 33, considère avec raison que la date tardive de rédaction affaiblit la portée de l’anecdote. Rouveret 1989, p. 55, définit ainsi la skiagraphia : c’est une « technique fondée sur le dessin et la couleur, qui produit des faux-semblants, organisés en fonction d’un point de vue privilégié et efficaces à distance ». Apollodorus de Damascus se voit attribuéer notamment par Dion Cassius (Histoire Romaine, 69LXIX, .4, .3) l'élaboration de quatre édifices : un pont sur le Danube à Drobeta (Roumanie) illustré sur la Colonne Trajane (scène LXXIV) (105 apr. 193 Face SE, spire 14, sc. Ce dispositif évite à l’observateur romain de tourner « vingt-trois fois autour de la colonne, le nez en l’air » (Veyne 1990, p. 13), « comme un ‘cheval de cirque’, affirmait Karl Lehmann-Hartleben, ou plutôt enfourcher Pégase ! 26), n’est pas la mieux éclairée par le soleil. BooWiki. 74 Sauron 1994, p. 249-314, 315-430, et 536-541. Trayan sütunu (lat. 26Manque, à ce catalogue de sources, la principale : la dédicace de la colonne. 128 Packer 1988, p. 316-317 : l’évaluation métrique est de 15,75 m, calculée d’après le dessin de restitution et l’échelle fournis par J. Packer. Il est important, puisque la solution suggérée par Cyrus, et acceptée par Cicéron, est contraire au dispositif que nous considérerions comme le meilleur pour l’objectif défini (soit une large baie vitrée...). Il faut donc distinguer conditions de visibilité et statut accordé à l’objet observé : s’il est observable, mérite-t-il de l’être ? Champ lexical avec colonne. Le savant italien s’était essayé à peindre un moulage de la colonne Trajane112. Il conduit à l’île qui porte aujourd’hui le nom d’Ostrova. Le mécanisme de lecture prévu, les axes verticaux188, ne nuisait pas à la « narrativité » du monument. Ce dispositif peut renvoyer à des terrasses en matériau léger (bois), démontées quelques années après l’inauguration du monument. Constater ce silence n’est pas l’expliquer. Les deux têtes présentent à l’arrière de grandes cavités nécessaires au logement de goujons, qui par leur position laissent supposer une inclinaison des fragments vers le bas ; d’où l’hypothèse que les têtes devaient appartenir aux « boucliers » avec portraits qui décoraient diverses parties du Forum166. 44Tel n’est pas le cas. L’articulation des deux impératifs visuels n’était pas aisée. La On trouve trace de ce principe dans la littérature, le monnayage ou les fresques murales dès l’époque tardo-républicaine73. 10 août 2016 - Recenser les images concernant cette colonne. Le constat est identique dans l’hypothèse de terrasse à 15,10 m de haut : la spire 9 se situe alors presque à l’horizontale d’un spectateur placé sur la terrasse (fig. La colonne Trajane (en latin : Columna traiani ) a été érigée à Rome, sur le Forum de Trajan, face au au temple de Trajan en 113 après J.-C. sous le règne de l’empereur Trajan (98-117 après J.-C.). Édition illustrée avec les photographies exécutées en 1862 pour Napoléon III, avec la collaboration de H. Chew, Paris, 2015, 35x30,5 cm, 303 pages, 63 planches montées à l’italienne”. Face SO, pl. Ces deux éléments jouaient peut-être dans le cas des inscriptions des ludi saeculares et des Res Gestae d’Auguste, sur lesquelles nous allons revenir. Pour Settis 1991, p. 190, la vision depuis les balcons « n’est pas une solution pour les problèmes de visibilité. Je suis débiteur de ces indications à Georges Devallet. Pourtant, Cicéron fournit un argument propre à effacer cette réticence. Pline décrit plus avant la particularité de cette phengite : quare etiam foribus opertis interdiu claritas ibi diurna erat alio quam speculiarum modo tamquam inclusa luce, non transmissa. La problématique est bien « la pluralité de modes de réception des images et le caractère très concret de cette réception »5, ce qui recoupe nos préoccupations. XLIXb et La, Trajan, en tunique, se trouve parmi des togati, et la spire 15 montre les ambassadeurs barbares reçus par l’empereur en tunique ; mais la spire 14 voit Décébale ( ?) En l’absence de légende nommant le monument, seule l’iconographie assurait la reconnaissance de la colonne Trajane. Ils ont pu vouloir imiter uniquement la dimension honorifique du monument, ce qui semble être le cas pour la colonne lisse d’Antonin. On y voit diverses batailles, mais aussi des mouvements de troupes, des travaux de fortifications, des sacrifices, des ambassades et des soumissi… 99). 133 Calculée d’après Packer 1997a, folio 25. Vertex est en général compris comme désignant la spire. IVc, spire 20-21. LXXIIIb)161. La présence de la statue équestre de Trajan supposait déjà une vision axiale de la place, suivant l’usage romain et les conseils de Vitruve relatifs à la scaenographia : Comment, un centre étant établi en un lieu déterminé, il faut que les lignes répondent suivant une loi naturelle à la direction du regard et à la propagation des rayons, pour que des images précises de choses imprécises rendissent, dans les peintures des scènes, l’aspect des bâtiments [...]170. Français : Moulage de la frise de la colonne Trajane, exposé au Museo della Civiltà Romana, Rome. Grâce à Pausanias et à lui seul, l’akribeia n’est plus gratuite et l’environnement architectural intervient de manière certaine dans la vision de l’œuvre : la statue de Zeus d’Olympie sort ainsi de son isolement artistique et, par la grâce d’une structure architecturale conçue à cet effet, devient visible et lisible, à portée de regard de la curiosité des spectateurs antiques sur deux niveaux (rez-de-chaussée, portique) et une « montée tournante ». 147 Turcan 1995, p. 245. « La ville de Paris a son grand mât tout de bronze, sculpté de Victoires, et pour vigie Napoléon ». 49 CIL VI.1, 1585. XXVIa, spire 18. [e-version from Google Books and illustrations by M. Jules Duvaux]. 55 Traduction reprise de Coarelli 1994, 85. Voir également Meneghini 2002, p. 666. L’exécution des moulages de la colonne Trajane pour Napoléon III démontra la justesse des observations du premier. 73 Winkes 1973, sur la scaenographia dans les fresques républicaines.